La philosophie de la violence de Georges Sorel réunit au plus haut point toutes les ambiguïtés des philosophies de la vie, du pragmatisme et des pensées socialistes révolutionnaires. La violence dont il fait l'éloge est celle de la grève générale syndicaliste dont la force de bouleversement sera telle qu'elle devrait mettre purement et simplement fin à l'existence de l'État. Mouvement d'insurrection de toute une classe, sans commune mesure avec les réponses répressives que peut lui apporter le pouvoir bourgeois, la violence ne peut que vaincre. Elle mène au pouvoir mais elle permet aussi au prolétariat de trouver son identité. Il doit en naître un monde politique inédit : car il ne s'agit pas de remplacer un groupe dominant par un autre, mais d'ouvrir une ère politique nouvelle purifiée par la violence.